L’Étoffe de l’Europe® - AOUR EUROPE une œuvre numérique de Jacques Perconte

Fév 2022

À propos de Jacques Perconte
Né à Grenoble en 1974, Jacques Perconte vit et travaille entre Paris et Rotterdam.
Il se définit comme un artiste visuel dont le travail, essentiellement concentré sur le paysage, est le résultat d’une recherche expérimental continue depuis la fin des années 90 faisant de lui le premier artiste à travailler des images en mouvement par le détournement des méthodes de compressions numériques. Grâce à la rétro-ingénierie et à la manipulation experte des technologies de codage et de stockage, le détournement des procédés high-tech de l’industrie audiovisuelle par l’artiste dépasse la question technique et réussit à faire de ses paysages des fééries dont le succès critique est inégalé.

Pour l’artiste français du numérique mondialement reconnu que vous êtes, quelles sont vos sources d’inspiration en 2021 et quels messages faites-vous passer à travers vos œuvres ?
JP : Depuis une vingtaine d’année toute mon attention est tournée vers le paysage. En questionnant mon rapport à la nature, je questionne les outils avec lesquels je fabrique mes images (…). Mon message est celui de la présence, du relâchement intellectuel. Je ne cherche pas à faire penser. Je cherche à ouvrir le cœur.

Comment l’artiste indépendant que vous êtes a-t-il réagi lorsqu’il vous a été proposé de collaborer au projet scénographique et d’aménagement du Conseil de l’Union européenne pour la présidence française ?
JP : J’ai été autant surpris qu’heureux. Je me suis dit que cela allait être une belle aventure. Avoir l’honneur de produire un nouveau projet dans un tel contexte alors que cette étrange période pandémique n’en finit plus, me remplit d’énergie. J’ai beaucoup pensé à ce que je devais mettre en œuvre pour cette nouvelle pièce qui devait être plus qu’un joyau, une pièce majeure dans ma recherche.

En quoi l’œuvre que vous réalisez à Bruxelles sert-elle les enjeux de transitions numérique et écologique portés par la présidence française du Conseil de l’Union européenne ?
JP : Au premier degré, elle témoigne de situations caractéristiques de ce moment de l’histoire que nous vivons. Les forêts disparaissent. Les glaciers fondent et les montagnes s’effondrent. Mais l’attention portée à la nature, l’économie attentive mise en œuvre pour inventer ce projet, participent certainement au changement qu’il faut mettre en œuvre (…). J’ai un rapport philologique à la technique, je n’attends pas des ordinateurs qu’ils calculent et me donnent des résultats, je cherche à déjouer leurs contraintes et faire des choses qui ne devraient pas vraiment fonctionner.

Comment votre œuvre numérique s’insère-t-elle dans la symbolique et le concept général de L’Étoffe de l’Europe®  développé par Ateliers Adeline Rispal et Si I Studio irresistible ?
JP : Le travail particulier que je fais avec les images est matériellement une sorte de tissage. Les images numériques sont matricielles. Je les fais entrer en fusion. L’infrastructure de mes images est organisée en blocs qui organisent les couleurs et les formes. Comme portées par les vibrations d’une machine à tisser qui propagent les lignes de pixels, elles se mélangent et progressent au fil des paysages qu’elles structurent. Mais aussi pour ce projet, je voulais rassembler les paysages qui composent mon Europe, celle que je vis, que je filme, en une seule structure où les lieux se confondent. Comme s’ils étaient tous un seul lieu.

En quoi cette création se distingue-t-elle de vos précédentes réalisations ?
JP : C’est la première fois que je me défais de l’unité géographique et que j’étudie la question de mon expérience du paysage à une large échelle.

Dans un tel projet, les contraintes techniques ou infrastructurelles constituent-elles un frein ou un levier à votre création artistique ?
JP : Dans tous mes projets je prends les contraintes comme des opportunités. Les contraintes, ce sont les plis de la réalité, les lieux où certainement il peut apparaître des choses merveilleuses (…). Je pense toujours les besoins dans un maximum nécessaire, il y a toujours une économie de moyens réglée très précisément.

Aour Europe par Jacques Perconte

Dans l’objectif d’inscrire symboliquement et de façon créative et dynamique la présidence française du Conseil de l’Union européenne, c’est à l’artiste français Jacques Perconte, pionnier de l’art numérique en France, qu’une œuvre monumentale a été commandée afin d’être installée dans les espaces d’accueil du bâtiment Juste Lipse.

Élément majeur du projet L’Étoffe de l’Europe®, et dans le même esprit, cette œuvre constitue un tissage vivant d’images animées, fruits de la géographie sentimentale de l’artiste et des images filmées des paysages européens qu’il a ramenés de ses voyages. Ôde à ses paysages intérieurs, Jacques Perconte a conçu cette nouvelle œuvre comme une pièce d’orfèvrerie numérique, et l’a baptisée Aour Europe. «Aour, c’est l’or, l’amour, la lumière » explique l’artiste. En questionnant les transitions écologique et numérique en mouvement, elle participe à la sensibilisation aux enjeux de la relance européenne.

Le cœur de Aour Europe, l’œuvre produite par Jacques Perconte pour le projet scénographique et artistique du Conseil de l’Union européenne sous la présidence française, est une grande pièce vidéo qui s’apparente à un film, d’une longue durée. Son format (4 x 5,5 m) et sa résolution sont strictement adaptés au format de l’écran qui l’accueille, dans les espaces d’accueil du bâtiment Juste Lipse.

Dans le même espace, sont exposés huit tirages numériques (60 x 87 cm) imprimées sur papier d’art (hahnemühle) collés sur alu 2mm, issus d’une pièce générative spécifique sur laquelle travaille l’artiste. « J’ai fait voler des oiseaux filmés aux Pays-Bas dans des ciels de France, d’Italie, d’Allemagne, de Hongrie et d’Autriche (…). Comme pour le cœur de la vidéo, j’ai travaillé le montage à la feuille d’or – les jaunes viennent de là. » Avec non moins de six ciels, un glacier et la mer ; la sélection propose autant d’impressions et d’évocations d’une Europe belle et diverse, à partager et à préserver.